Elle était une amante parmi les plus étranges\ De nuit, dans la pénombre, me croyant endormi\ Je pouvais deviner sous mes paupières mi-closes\ Son ballet silencieux et presque immobile

Sa silhouette fine mesurait chaque geste\ Et se mêlait aux ombres pour ne pas m’éveiller\ Une fois arrêtée au dessus de mon corps\ Elle promenait son nez et humait mes odeurs

Je devinais alors son profil tendu\ Ramassant les effluves de mes moindres recoins\ Elle respirait mon ventre, ma nuque mes aisselles\ La plante de mes pieds, les poils de mon pubis

Quand elle se tenait là, figée et concentrée\ Elle paraissait une louve reniflant ses petits\ Les yeux fermés bien clos comme en recueillement\ Fouillant dans ses instincts les odeurs des bêtes

Cet animal timide et souvent effacé\ Rougissait pour un rien et manquait d’assurance\ Il me fallut du tact pour aborder la chose\ Et c'est le rouge aux joues qu'elle confessa son vice

Toutes les senteurs lui paraissait divines\ Elles ne connaissais pas de mauvaises odeurs\ Mais des parfums subtils qui comptaient des histoires\ Qu'elle parcourait ensuite comme on suit une piste

Je me sentais flatté qu’elle me respire ainsi\ Et nous accomodâmes de nouveaux jeux d’alcôve\ Chacun à tour de rôle nous reniflions l’autre\ Tout le long de son corps, dans ses moindres recoins

J’appris ainsi par elle à suivre dans son nid\ Une mésange grise couvant sous ses aisselles\ A pister sur son cou les frôlements d’un chat\ Et au creux de son ventre, caché dans son nombril, Un minuscule loir, lové pour s’endormir

De la même manière elle m’enseigna aussi\ A sentir le parfum d’une oreille attentive\ A renifler l’arôme d”un oeil qui observe\ A humer sur les lèvres le goût de l’abandon

Tout juste après l’amour, ce que nous raffolions\ C’était nous endormir le nez caché dans l’autre\ Délectés des arômes musqués de nos deux sexes\ Accompagnant nos songes de contes animaux

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